Double anniversaire :
Little Bob au Havre
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Le double anniversaire de Little Bob au Havre

L'année 2005 sera à marquer d'une pierre blanche pour Little Bob. En effet celle-ci aura été synonyme de double anniversaire pour le plus authentique des chanteurs de rock de l'hexagone. D'une part il soufflait ses soixante bougies et d'autre part célébrait les 30 ans de son tout premier 45 tours.

Loin de lui l'idée des fastes et des commémorations gonflantes puisque, pour l'occasion, il choisira tout simplement de partager le gâteau avec son public dans son fief du Havre.


Dans un premier temps avec la sortie d'un album qui fera date dans sa carrière "The Gift" (le cadeau en anglais, paru sur le label Dixiefrog), bien nommé puisque nous retrouvons au coeur de cette écrin savamment "designé" aux couleurs du rock'n'roll deux galettes apocalyptiques.

La première "Still Burning" intégralement constituée de morceaux originaux mettant d'entrée les points sur les i tant le son, si puissant, arriverait à faire passer la ligne arrière du XV des "All Blacks" pour la dernière promo des petits rats de l'Opéra de Paris.

La seconde "My flaming roots" rendant hommage aux idoles de l'artiste à travers sept reprises ingénieusement calibrées et revisitant aussi bien le répertoire de Bob Dylan que celui d'Howlin' Wolf en passant par quelques joyaux signés Little Richard, les Animals, les Pretty Things etc....

Le tout servit par un groupe hyper soudé dont les individualités n'ont jamais été mis aussi bien en valeur et un Bob au top de son inspiration et en grande forme vocale.
Bref, après avoir jubilé, le fan de base (dans la peau duquel il m'arrive bien souvent de me retrouver) pouvait s'attendre à une tournée bien intéressante, il n'en fût rien.....

Quoi, me direz vous en me montrant sauvagement votre poing derrière l'écran de votre PC....
Et bien oui, il n'en fût rien puisque les concerts qui suivirent furent bien plus qu'intéressants puisqu'à mon sens le terme fracassant serait plus adéquat dans ce cas de figure.
Si vous avez du mal à croire mes propos voyez plutôt ce qui suit....

Le Havre - Samedi 05 Novembre 2005-

Je sors péniblement du train de Paris fiévreux et souffrant d'un mal de gorge me faisant penser à un moment que j'aurai avalé les lames de mon rasoir le matin même par inadvertance.
Guère inspiré par une petite tournée touristique, je me rabats vers mon hôtel où je devais sombrer quelques minutes plus tard.

Oups, un coup de téléphone de Nadia Sarraï-Desseigne (rouage essentiel de la tournée "The Gift" et grande investigatrice de ma venue en Seine-Maritime) me fait me sortir de ma torpeur et me donne le courage de me rendre aux Docks Océanes, plus grande salle de la ville, 4500 places.
Arrivé aux Docks, je dérive un moment du côté du départ de la transat "Jacques Vabre" (El gringo pour les intimes) avant de me décider à pénétrer dans le complexe culturel.
Quelques péripéties plus tard (merci le "service d'ordre") je retrouve enfin ma Nadia qui me tend mon pass, précieux sésame pour toute la soirée.

Retrouvailles backstage avec Dom Sarraï-Desseigne au four et au moulin, rencontre avec quelques invités de la soirée ainsi qu'avec les King Size qui assurèrent quelques heures plus tard une excellente première partie. De retour dans une loge et alors que j'entamais avec Dom une grande discussion sur le bienfait du jardinage en appartement, deux silhouettes familières firent leur apparition.

Dans un premier temps Mimie déboula tout sourire suivie de très près par son rocker de mari, Little Bob qui sans rien laisser paraître de la pression qui montait alors, me gratifia d'un bien sympathique "Salut David!" comme si nous nous étions quittés la veille au soir après une partie de poker.

Ayant peur d'être de trop à quelques minutes du début des hostilités, je me retirais discrètement afin de visiter les lieux tombant par hasard sur un vigile avec lequel l'idée d'entamer une discussion au sujet de "la Métaphysique" selon Aristote m'est rapidement sortie de l'esprit. Je faisais demi-tour (ma grande spécialité, demandez à Nadia et Dom) et partait à l'assaut d'une crêpe au sucre.

Le Havre - Samedi 05 Novembre 2005 - Le Show -

Je revenais précipitamment une poignée de minutes plus tard dans la salle, irrésistiblement attiré par des chants indiens....
Les habitués des concerts de Bob savent que c'est par cela que commencent ses shows. Je me faufilais à travers le public très dense afin de me retrouver "frontstage" alors que les premiers riffs retentissaient.

Little Bob déboula sur scène et mettait d'entrée les pendules à l'heure en entamant, si je ne m'abuse, une version de "No futur is now" encore plus incisive que celle de l'album.


C'est clair nous savons pourquoi nous sommes là, les musiciens déroulent et les 4500 fans frémissent, ce sera très rock'n'roll ce soir.

Si Little Bob se produit sous son propre nom, ce n'en est pas moins une configuration de groupe que nous retrouvons sur scène tant la cohésion est impressionnante entre les différents protagonistes de celui-ci.
Que ce soit Gilles Mallet à la guitare, Bertrand Couloume à la contrebasse, Nico Garotin à la batterie ou encore Nicolas Noël aux claviers, tous s'investissent autant que leur charismatique leader.

Complètement imprégné par la qualité du concert j'en oublie de noter la "setlist", les deux heures passèrent comme un flash entrecoupé par les visites d'invités surprise visiblement heureux de participer à la fête.

En grand seigneur qu'il est, Bob cèdera même sa place afin que Beverly Jo Scott (le duo avec cette dernière sur "The house of the risin sun" des Animals sera une vraie tuerie) et que Phil May et Dick Taylor du légendaire combo anglais "The Pretty Things" (très convaincants sur leurs reprises de Robert Johnson) puissent offrir en solo une part de leur talent au public.

Le tapage bât son plein et les invités se succèdent (outre ceux précédemment cités nous retrouverons pêle-mêle Doris le Mat des Dickybird, François Lebas et Christian premier guitariste de la Story, seul Dirty Ray hospitalisé ne pourra franchir la Manche), Little Bob quant à lui nous gratifie d'un concert remarquable, plein d'énergie comme l'atteste ses reprises de "Back Door Man" et "Bama Lama Bama Loo" ou la nouvelle vie de quelques uns de ses meilleurs classiques "High Time"......

La foule réagit au quart de tour, chaque moment est prétexte à une nouvelle scène de communion entre elle et son idole. Little Bob pourtant s'amuse d'elle, allant même jusqu'à la narguer afin qu'elle se fasse encore plus grondante "A une époque vous slamiez pendant mes concerts", dira t-il d'un air à la fois nostalgique et taquin.

Les hymnes rock'n'rolliens se succédèrent alors jusqu'à plus soif, le show s'achevant avec le retour de tous les "guests" pour un final délirant juste après que des dizaines de roses aient été lancées sur scène.
Les artistes prirent congés et les chants indiens reprirent de plus belle, la fête était finie laissant les spectateurs hagards, les yeux embrumés et les oreilles déchirées par ce qui restera un moment unique, 4500 âmes quittèrent calmement la salle, titubantes....

Le Havre - Samedi 05 Novembre 2005 - After Show -

Je déambule bakstage à la recherche d'un second souffle, Little Bob a gagné ce soir par KO avant de regagner sa loge.....
Je retrouve toute l'équipe, très affairée. Je suis invité au gâteau d'anniversaire ainsi qu'au repas d'après concert mais dois décliner, mon corps fiévreux me fait trop souffrir il me faut du repos.

Quelques minutes plus tard sur les Docks, je parviens à trouver un taxi de libre afin de regagner l'hôtel.
Sur le trajet j'essaye de réunir toutes les sensations du concert, si nombreuses qu'elles se perdent déjà dans ma mémoire.

Dans mon esprit un symbole prend le dessus, l'image de cet homme, Little Bob, toujours là, fidèle à ses convictions après 30 années d'une carrière d'une richesse absolue.
Il reste en marge du music-bizness, animé par sa passion du blues et du rock'n'roll, simple, généreux...le poing fier et levé.

David BAERST

Remerciements: A Nadia et Dom Sarraï-Desseigne pour leur amitié, Mimie "Rock'n'roll Woman" pour son sourire, Roberto Piazza pour son humanité.

Vous pouvez retrouver deux interviews de Little Bob sur ce site:

Bonus : Ci-dessous la galerie spéciale du concert anniversaire de Little Bob au Havre.


 

 
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